CHAPTER I

" Time is power "

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La vie est si fragile. Parfois, il suffit d'une seconde pour que tout bascule. Une minuscule seconde de plus. Une minuscule seconde de trop. Et hop, tout s'arrête. Comme si rien ne s'était jamais passé. C'est étrange, le mystère du Temps. Il passe sans se soucier du reste, et rien ne peut l'arrêter. Pas même ceux qui le voudrait plus que tout. Il y a les fatalistes, ceux qui vivent sans se soucier du passage du Temps, et qui ne font rien pour allonger leur vie. Et il y a ceux qui se battent pour autre chose, pour quelques heures de plus.

Une cigarette de plus. Velvet allume la clope calée entre ses lèvres, et en tire une longue latte, fermant les yeux pour mieux savourer. Elle aime ces moments. Ceux où elle est chez elle, tranquillement assise. Ceux où elle peut arrêter de se préoccuper du temps pendant quelques instants. Ils sont rares. Ils arrivent souvent lorsqu'elle rentre de chez un client, ou lorsqu'elle a refourgué quelques trucs plus ou moins licites à un voyou en manque. Son bras gauche lui indique six heures. Pas de quoi sauter au plafond, mais malgré tout, la blonde prend le temps de fumer une cigarette tranquillement. Ensuite, elle dormira quelques heures, et puis ce sera repartit pour la course poursuite avec elle-même. Il est tard. Dehors résonnent des bruits sourds, des bagarres, ou des bruits de pas pressés. Velvet porte une nouvelle fois sa cigarette à ses lèvres, pour en tirer une nouvelle taffe. Elle se lève d'un pas nonchalant, et se dirige vers la chambre de son frère. Est-il entrain de dormir ? Curieuse, elle ouvre doucement la porte qui grince. Dans l'obscurité, elle ne discerne aucune forme de vie. La panique le prend soudain aux entrailles. Où est-il ? Il n'est pas censé sortir la nuit. C'est le moment préféré des voyous, celui où ils peuvent piller sans remords les pauvres gamins qui ne prennent pas encore totalement conscience du monde dans lequel ils vivent. Elle allume la lumière, son coeur manque un battement. Il n'est pas là. Sa clope lui en tombe des mains. Il faut qu'elle le retrouve.

Quelques instants plus tard, elle était dehors. La nuit enveloppait le secteur 12, et des silhouettes inquiétantes flottaient à tous les coins de rue. Où avait-il bien pu aller ? Suivant son instinct, elle se mit à courir. Masquant de sa manche le compteur de son bras gauche, filant à vive allure dans les ruelles désertes. Plus les minutes passaient, plus elle sentait la panique monter. C'est alors qu'elle entendit des bruits. Des rires, des voix masculines, fortes, résonnaient dans le quartier. Velvet s'approcha à pas de loups. Plaquant son corps contre le mur, elle approcha sa tête pour apercevoir discrètement ce qu'il se passait. Une lumière forte l'aveugla d'abord. Puis, s'y habituant, elle porta à nouveau son regard vers les voix. Il devait y avoir une dizaine de type, prostrés là. Dont deux au sol, dont le compteur affichait zéro. Son sang se glaça. Elle savait que des combats de ce type avaient lieu. Elle balaya les visages inconnus, pour finalement tomber sur celui de son frère. Un garçon avait son bras sur son épaule, comme s'ils étaient meilleurs amis. Sans plus réfléchir, n'écoutant que son coeur et sa colère, elle se précipita vers son frère, le blondinet. La jeune femme l'attrapa brutalement vers le bras, et le tira vers elle. Elle le foudroya du regard, et ne dit rien. Les hommes s'étaient tut, et observaient la scène attentivement. Ou plutôt, reluquaient la blonde avec insistance. Vêtue d'une mini-jupe et d'un haut très moulant, elle avait complètement oublié de se changer en rentrant de chez son client. Elle déglutit en voyant tous ces regards avides sur elle. Ses yeux croisèrent un instant ceux d'un blond, celui qui tenait son frère un instant plus tôt. Elle ne put se détacher de lui immédiatement. Il était beau, il dégageait quelque chose. Reprenant ses esprits, Velvet le toisa de haut en bas d'un regard méprisant, comme elle avait l'habitude de le faire. Sans ajouter un mot, la jeune femme tourna les talons, entraînant son frère avec elle sans lui demander son avis. Ils repartirent tous les deux, happés par la noirceur de Tempus.

CHAPTER II

" Time is money "

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« C'est une heure maintenant, et une heure après. » annonça Velvet. L'homme en face d'elle la toisa de haut en bas d'une façon des plus méprisante. « Eh bin ! Elles se font pas chier les putes de nos jours. » répondit-il, presque agressif. Sans se laisser impressionner, la blonde lui accorda un sourire faussement sympathique. « J'peux me barrer aussi, si t'es pas content. Et y'aura plus qu'toi et ta main droite, connard. » répondit-elle d'une voix qui se voulait faussement compréhensive. Le type la regarda un instant, observant ses formes, laissant couler son regard sur son corps. Il releva la tête, et s'approcha finalement d'elle en lui tendant son bras gauche, offrant à Velvet l'avance sur son paiement.

Une heure avait passé, la jeune blonde avait terminé son affaire. Elle était habillée, et sortait de l'appartement de son client, après lui avoir prit une heure supplémentaire. Au final, elle n'avait gagné qu'une seule petite heure, mais c'était toujours mieux que rien. C'est alors qu'un main l'attrapa brutalement par le bras. La silhouette la plaqua contre le mur, envoyant cogner sa tête contre le béton froid. Elle retint un hoquet de surprise. C'était son client. « Rassure-moi, tu pensais pas t'en sortir si facilement ? » demanda-t-il sans attendre de réponse. Il la maintenait fermement contre le mur. « Maintenant que tu m'as donné c'que je voulais, je vais reprendre ce que je t'ai donné. Voir plus, même. » annonça-t-il avec un petit sourire mesquin. Liant les gestes à sa pensée, il lui attrapa le bras, et Velvet pouvait voir avec horreur son compteur se vider. Elle avait beau essayer de se débattre, elle ne bougeait pas d'un poil, il avait bien trop de force pour elle. Les minutes défilaient sans que la blonde ne puisse rien faire. Dans un dernier espoir, elle le mordit sauvagement dans le cou, le forçant à lâcher prise. Elle cracha quelques gouttes de sang, avant de détaler à vive allure.
Il faisait nuit dehors, les rues étaient désertes. Elle observa le compteur sur son bras gauche : trente secondes. Trente minuscules secondes. Voilà ce qu'il lui restait à vivre. Envoyant valser ses chaussures à talons, elle se mit à courir de plus belle. Elle avait une allure effrénée. Ses cheveux volaient derrière elle, le vent lui fouettait le visage. Ses poumons lui criaient d'arrêter, mais elle ne voulait pas. Elle n'avait pas envie de mourir. Elle ne pouvait pas laisser son frère seul. Il fallait qu'elle croise quelqu'un. N'importe qui, qui pourrait lui accorder quelques minutes supplémentaires. C'est alors qu'elle le vit, au loin. Il était à environ 100 mètres, éclairé par la lueur faible d'un lampadaire. L'ami de son frère. Celui dont elle n'avait pu détacher son regard à leur première rencontre. Elle observa son compteur. 10 secondes. Elle n'avait plus que lui comme espoir. Plus que lui pour se raccrocher à la vie. Elle hurla son prénom. Elle ne s'était même pas rendue compte qu'elle le connaissait. Ses jambes semblaient courir toutes seules, comme si son corps n'était plus commandé par son cerveau. Son esprit était ailleurs, elle voulait vivre, elle voulait vivre. Il s'était mis à courir dans sa direction, lui aussi, comme s'il avait compris. Cinq, quatre. Les secondes défilaient, elle n'était plus très loin. Trois, deux. Dans un dernier effort elle se jeta sur lui, attrapant sa main.
Tout sembla aller mieux, d'un coup. Son coeur battait la chamade, sa poitrine se soulevait à un rythme effréné. Ses pieds la faisaient atrocement souffrir, certains endroits étaient même ensanglantés. Une larme roula le long de sa joue. Elle observa son bras gauche nerveusement. Vingt-quatre heures. Il lui avait donné une journée entière. Levant un regard plein d'incompréhension vers lui, elle l'observa. Une fois de plus, ses yeux se perdirent dans les siens. Et sans réfléchir, elle posa ses lèvres sur les siennes.